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HOMMAGE AU PROFESSEUR DERENONCOURT


Dans ma jeune carrière universitaire, j’ai eu l’occasion de côtoyer - ici et ailleurs - plusieurs catégories d’hommes et de professionnels.

Une première catégorie est formée de ceux qui sont compétents, profondément humains mais peu respectables

La deuxième catégorie est celle de ceux qui sont compétents et respectables, mais peu humain

A la troisième catégorie appartiennent ceux qui ne sont ni compétents, ni humains ni respectables, mais dont la voix couvre avec arrogance celle des autres.

Prof. Patrice Michel DERENONCOURT appartenait à toute une autre catégorie de professeurs :

Chez qui la compétence, l’humanité et la respectabilité s’agençaient avec minutie pour esquisser former cette broche ô combien coruscant, assorti de l’intelligence du créateur et généreusement offert à cette belle jeunesse haïtienne, mais aussi à une société qui peine encore à opter pour le beau et qui se détourne avec exubérance du vrai pour se complaire dans du pathétique.

Brillant, exigeant, strict, physiquement et moralement droit, Prof. DERENONCOURT, ne ratait jamais une occasion pour se faire proche des étudiants, participant toujours et avec une spontanéité paternelle aux différentes activités para-académiques de la Faculté.

Sérieux, mais jovial et sarcastique, il trouvait toujours une façon pour me dire que la cravate que je porte était trop jolie pour un prêtre.

Homme de culture et de sa culture, de conviction mais d’une grande tolérance et d’une belle sagesse : ensemble dans le cadre de mon cours Religion et Politique on a débattu du Catholicisme et du vaudou : lui initié, son ami prêtre vaudou, et moi prêtre catholique en face de nos étudiants cathos, protestants, vaudouisants : mais communiant tous et toutes à une passion commune : celle d’Haïti.  

Mesdames, Messieurs,

Il y en a qui naissent, qui vivent et qui meurent

Il y en a qui naissent et qui meurent sans avoir vécu

Il y en a d’autres qui naissent, qui vivent et qui ne meurent jamais.

PMD est né, il a vécu intensément, sirotant l’existence dans ce qu’elle a de plus succulent, de noble. Au lieu de mourir, il a préféré disparaître avec honneur et dignité pour vivre éternellement dans la mémoire des universitaires que nous sommes.

Et, s’il meurt c’est pour faire vivre de son sang, notre pays trop longtemps anémié et dépecé par une bande de sacripants qui confondent l’avoir avec la richesse, le savoir avec la sagesse, les voyages avec la culture ; le pouvoir avec l’autorité et pour qui cette parole du philosophe stipulant : la mort d’un homme c’est la mort de l’homme devient insupportable, voire grossière.

Mesdames, messieurs, au nom de l’UNDH, au nom du Recteur, le Rév. P. Dr Jean-Mary Louis, SJ, ici présent, au nom de la communauté facultaire dont je suis le doyen et accompagné de mon staff décanal et de nos étudiants, je me courbe avec révérence devant les familles DERENONCOURT et MASCARY, CEZAR et MARKELONIS pour leur dire nos regrets, notre sympathie et nos sentiments les plus profonds de solidarité.

J’en profite cette tribune pour annoncer qu’une cérémonie religieuse se tiendra bientôt à la FSESP, avec nos étudiants pour honorer la mémoire de ce mapou. Je m’engage aussi de façon solennelle à baptiser La salle 14 de la FSESP du nom du professeur DERENOMCOURT pour pérenniser les valeurs qu’il incarnait, campant ainsi en plein cœur de notre « quehacer » universitaire un réquisitoire implacable contre l’abject et l’absurde.

Merci au Cabinet d’avoir bien voulu organiser cette cérémonie

Au Créateur de toutes choses, gloire, honneur, puissance et domination pour ce beau cadeau qu’il nous a fait à travers Professeur Patrice Michel DERONCOURT.

 

 

Rév. P. Dr. Jean Denis SAINT-FÉLIX, SJ

Doyen FSESP/UNDH

Montana, samedi 13 novembre 2021

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